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Interview - Fides Niyonzima, présidente de la commission Femmes de la FEBUTRA
4 mai 2022
Interview - Fides Niyonzima, présidente de la commission Femmes de la FEBUTRA
Au Burundi, il règne encore un certain conservatisme qui entrave la participation et la parole des femmes dans le monde du travail. Présidente de la commission « Femmes » de la FEBUTRA depuis 8 ans, mais aussi de la commission « Femmes » de la ligue de basketball du Burundi, Fides Niyonzima fait partie de celles qui font bouger les lignes. Pour nous, elle s’est prêtée au jeu de l’interview.
Peux-tu nous présenter la FEBUTRA et les missions de la commission « Femmes » que tu présides ?
La Fédération burundaise des travailleurs de l’alimentation (FEBUTRA), est une fédération de syndicats du secteur agroalimentaire formel et informel qui se donne pour mission de défendre les intérêts des travailleur·euse·s du Burundi dans le secteur de l’agroalimentaire et des branches connexes, influencer les politiques qui les concernent, contribuer à améliorer leurs conditions de vie et de travail et pour ce faire renforcer les capacités des syndicats membres. En Belgique, la FEBUTRA est soutenue par la FGTB Horval et Solsoc.
En son sein, la commission Femmes de la FEBUTRA cherche à sensibiliser les femmes syndicalistes, à renforcer leur leadership afin de se présenter aux élections dans les différentes instances syndicales. La commission met également en place des activités génératrices de revenus à destination des femmes, pour qu’elles puissent compléter leur faible salaire. En effet, les femmes ont des salaires souvent inférieurs aux hommes, et c’est à elles de joindre les deux bouts pour qu’à la fin du mois, la famille s’en sorte.
À quels obstacles principaux se confronte le comité des femmes ?
Les femmes ne sont pas considérées à la même hauteur que les hommes, elles ne partagent pas les mêmes responsabilités au sein du syndicat. Nous devons toujours demander l’accord pour que notre comité puisse organiser des activités.
Plus largement, concernant l’implication des femmes dans le syndicat, la coutume tend à faire croire que les femmes n’ont pas le droit d’être syndiquées, de participer aux activités du syndicat. Nous devons donc convaincre les hommes chefs de service ou de famille qu’ils doivent encourager les femmes à s’impliquer dans le syndicat.
Nous avons alors récemment mis sur pied des comités provinciaux au sein de la commission Femmes pour que nous puissions partager les expériences entre provinces. Depuis, on a vraiment ressenti une différence dans l’implication des femmes. Avant c’est comme si elles n’étaient pas concernées par le syndicalisme. Mais suite aux sensibilisations en leadership adressées aux femmes par les comités provinciaux, nous avons constaté une large participation des femmes sur les listes électorales. Les choses bougent petit à petit.
Quelle est la principale victoire de la commission Femmes ?
Maintenant nous travaillons avec les hommes et ils nous donnent la parole. La FEBUTRA est beaucoup plus attentive à nos revendications. Les femmes attendent les activités et en sont demandeuses. Et surtout, maintenant, nous disposons d’un budget spécial pour les activités de la commission femmes, telles que les sensibilisations, les formations mixtes à destination notamment des chefs de service, des responsables syndicaux et des maris.
Le 8 mars, quelles actions avez-vous prévues ?
Depuis 4 ans nous marchons avec toutes les femmes du Burundi lors d’une grande manifestation. C’est pour nous aussi l’occasion de parler de la FEBUTRA, d’expliquer ses actions. Et cette année encore, nous avons prévu d’y participer et de visibiliser nos actions.