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DÉFENDRE LES DROITS, MOURIR EN SILENCE : LA TRAGÉDIE DES MILITANTES ET MILITANTS EN COLOMBIE
18 mars 2025
DÉFENDRE LES DROITS, MOURIR EN SILENCE : LA TRAGÉDIE DES MILITANTES ET MILITANTS EN COLOMBIE
En Colombie, les assassinats de leaders sociaux et défenseurs de l’environnement se poursuivent dans un silence assourdissant. Carlos Zapata, président de l'Institut Populaire de Formation (IPC) et partenaire de Solsoc, a pris la parole à la télévision colombienne pour dénoncer cette situation alarmante. Depuis la signature de l'accord de paix (2016), près de 1600 leaders sociaux ont été tués dans le pays. Rien qu'en 2025, 33 assassinats ont été recensés. Ces chiffres révèlent une crise profonde qui touche les syndicalistes, les défenseurs des droits humains et de l'environnement
Carlos Zapata, président de l'Institut Populaire de Formation (IPC), alerte sur la nécessité de protéger ces militants. L'IPC est une organisation colombienne, partenaire de Solsoc, engagée dans la recherche, la formation et l'accompagnement des communautés pour la défense des droits humains, et sociaux et environnementaux.
Un État défaillant face à une violence endémique
Carlos Zapata met en lumière l'incapacité de l'État colombien à garantir la sécurité de ces militants. Dans de nombreuses régions rurales, la présence policière est largement insuffisante pour faire face aux groupes armés qui y opèrent en toute impunité. Certaines municipalités ne comptent que quelques policiers, un nombre dérisoire par rapport aux forces paramilitaires et criminelles qui y sèment la terreur.
De plus, même lorsque des arrestations ont lieu, elles concernent principalement les exécutants des meurtres, tandis que les commanditaires restent souvent intouchables. Ce manque de condamnation renforce un climat d'impunité qui alimente la spirale de violence.
Rassemblement à Bruxelles en hommage aux leaders sociaux et défenseurs de l’environnement assassinés en Colombie. © Solsoc, février 2022
Les leaders sociaux : cibles prioritaires des industries extractives
Les défenseurs de l'environnement et des droits communautaires sont particulièrement exposés. Nombre d'entre eux s'opposent à des projets miniers destructeurs ou à des infrastructures menaçant les écosystèmes et les populations locales. Dans un contexte de crise économique, les intérêts industriels et extractifs prévalent souvent sur les droits humains, aggravant la situation.
L’assassinat récent d’un leader minier, ayant conduit à l’annulation d’une marche des mineurs, illustre le climat de menace permanente et la réduction de l’espace civique en Colombie. La peur qui s’installe parmi les militants freine l’engagement communautaire et contribue inévitablement à l’affaiblissement de la démocratie locale.
Une responsabilité collective et des mesures urgentes à prendre
Face à cette tragédie persistante, il est urgent d'agir à l'échelle nationale et internationale. Plusieurs mesures doivent être mises en place :
- Des programmes de protection renforcés pour assurer la sécurité des leaders sociaux et de leurs familles.
- Des accords commerciaux garantissant les droits des communautés et mettant fin aux projets destructeurs menés sans leur consentement.
- Des lois imposant aux entreprises de respecter les droits humains à chaque étape de leur chaîne de valeur, avec des mécanismes de sanction en cas de violations.
Il est essentiel que la communauté internationale, les gouvernements et la société civile se mobilisent pour briser le cycle de violence et garantir aux défenseurs des droits un environnement sûr pour poursuivre leur engagement.
La Colombie ne peut pas continuer à enterrer ses militants dans l'indifférence. Chaque voix supprimée est une défaite pour la démocratie et la justice sociale.