S'informer
COVID19 - Echos de mutuellistes au Burundi
20 mai 2020
COVID19 - Echos de mutuellistes au Burundi
Le 20 mai 2020
Au Burundi, malgré le peu de cas détectés, il semble que la pandémie COVID-19 soit bel et bien présente. La Plateforme des Acteurs des Mutuelles de Santé (PAMUSAB) a mis en place toute une série de mesure pour les mutuelles de santé et ses membres.
- Mise en place d'un kit de lavage des mains pour son personnel et ses visiteurs ;
- Élaboration d’affiches de sensibilisation de la population pour se prévenir du coronavirus distribuées dans toutes les mutuelles et sections ainsi que dans certaines formations sanitaires ;
- Diffusion d'un spot publicitaire radio de sensibilisation ;
- Mise en place d’une formation à destination des animateurs des mutuelles de santé afin de relayer l'information de lutte et de prévention à la COVID-19 lors des sensibilisations pour la population.
Dans les provinces de Ngozi et Kayanza, dans lesquelles ADISCO (membre de la PAMUSAB) et Solsoc soutiennent des mutuelles de santé de caféiculteurs, aucun cas de personne touchée par la COVID-19 n’a encore été recensé, pourtant, la pandémie a des effets sur les mutuelles et sur la vie sociale en général.
Pierre NYABENDA, président de la mutuelle de santé des caféiculteurs AMAGARAYACU de la commune de Busiga, en province de Ngozi, raconte :
« La pandémie du Coronavirus a beaucoup perturbé les activités des mutuelles. Par exemple, la mutuelle de santé a dépensé beaucoup d'argent en s'équipant en matériel de lavage des mains puisque c'était essentiel pour se prévenir de la maladie. Ces moyens n'étaient pourtant pas prévus dans nos budgets annuels. On remarque aussi que la convivialité entre les membres commence à se détériorer du fait que l'on ne se salue ou ne s’embrasse plus. On remarque aussi que la population est paniquée parce qu'ils peuvent tomber malades à tout moment. Ces craintes sont accentuées lorsqu'il y a des personnes qui viennent de Bujumbura (la capitale) qui est touchée par la pandémie. Enfin, nous avons suspendu toutes les réunions de plusieurs personnes, comme les Assemblées Générales des mutuelles de santé de peur que nos membres soient contaminés».
Térence BIGIRIMANA, président de la mutuelle de santé des caféiculteurs KINGIRUBUZIMA de la commune de Kayanza :
« Tous les prix ont fortement augmenté sur le marché (habits, chaussures, denrées alimentaires, articles scolaires, pièces de rechange des vélos et motos, etc.). Si nous posons la question aux commerçants, ils nous disent qu'ils ne peuvent plus s'approvisionner à l'extérieur du pays. Cette situation met la population dans une pauvreté extrême, ce qui aura une influence négative sur le renouvellement des cotisations dans nos mutuelles de santé. »
Cyprien SINZOBATOHANA, président de la mutuelle de santé des caféiculteurs TUGWANIRAMAGARA de la commune de Kiremba, en province de Ngozi :
« Les membres ont très peur, dès qu'ils soupçonnent un symptôme quelconque du coronavirus, ils se précipitent vers les formations sanitaires pour un traitement. Cela a provoqué l'augmentation des coûts des prestations, car la fréquentation des formations sanitaires a fortement augmenté et cela risque de causer la faillite de notre mutuelle de santé à la fin de cette année. »
Mise à jour le 03 juin 2020
Emmanuel HABARUGIRA est le gérant de la mutuelle de santé des caféiculteurs TURWANIRAMAGARA. Pour lui, le coronavirus a eu un impact négatif sur les coûts des prestations. « Parmi les symptômes de ce virus mortel figure une forte fièvre et la toux. Il suffit de présenter l’un des deux ou les deux à la fois pour se présenter dans des formations sanitaires comme nous l’a recommandé le gouvernement à travers le ministère en charge de la santé », a indiqué notre source qui craint une faillite imminente de leur mutuelle. Pour le seul mois d’avril, les factures enregistrées equivalaient à 1.250.330 francs burundais (soit 572 euros). Pour lui, c’est la première fois que cette mutuelle enregistre des factures d’une somme excédant un million de francs burundais. Il croit que cela est dû au fait que les formations sanitaires accueillent en ces derniers jours des patients qui soupçonnent qu’ils présentent des signes du Coronavirus. Il affirme qu’en dehors de la mutuelle et dans la vie courante, les prix ont augmenté surtout ceux des pièces de rechange de vélos et motos sans oublier ceux des habits, qui sont des produits importés.
Stéphanie SIBONIYO est membre de la coopérative Turamirize située dans la commune Rutegama de la province Muramvya. Pour elle, le coronavirus a eu un impact social. « Le peuple burundais avait la bonne habitude de se saluer en se serrant la main ou même en s’embrassant. Depuis l’annonce des premiers cas dans notre pays, nous avons eu peur. Les autorités burundaises ont pris des mesures visant à limiter la propagation du Coronavirus. On nous a demandé d’éviter de nous saluer en se serrant la main. Aujourd’hui, tu peux croiser un ami ou un autre membre de la famille mais tu ne peux pas oser lui serrer la main, ce qui n’est pas bon dans notre culture. Cela a sensiblement altéré nos relations mais on n’a pas de choix, on doit s’adapter ».
Quel a été la part d’Adisco dans la lutte et la prévention du Coronavirus
Pour contribuer à lutter contre la prolifération de ce virus, Adisco, ONG partenaire de Solsoc, a mené différentes actions. Outre différentes séances de sensibilisation qui ont été organisées, Adisco a suspendu les réunions de masse, et mis en place d’un dispositif de lavage des mains installé à l’entrée du siège à Bujumbura. Cela a été fait également au niveau des antennes se trouvant à l’intérieur du pays (au bureau de Gitega et de Ngozi). Aussi, des tubes contenant un liquide désinfectant ont été distribués à tous les employés d’Adisco. Des affiches sur les gestes barrière ont été imprimées sur des bâches et ont été affichées au siège d’Adisco et dans les bureaux de ses antennes. Les mêmes affiches ont été également affichées dans les bureaux de toutes les 30 mutuelles de santé et 41 coopératives accompagnées par Adisco. Pour appuyer dans cette lutte les dynamiques accompagnées, Adisco (avec un appui particulier de la Fondation Roi Baudoin) a aussi distribué des dispositifs de lavage des mains ainsi que des savons. Ils ont été distribués également au niveau de certaines formations sanitaires qui ont signé des conventions de partenariat avec les mutuelles de santé.
Le traitement naturel à l’honneur
Jusqu’ici, pas de traitement reconnu par l’OMS, pas de vaccin contre le Coronavirus. Le Covid organics, tisane fabriquée à base de l’artemisia et qui est vanté par le président malgache comme étant un remède efficace est testé dans le cadre des essais cliniques. Face à l’absence de traitement spécifique, à la vitesse de progression du virus et en attendant l’annonce d’un traitement qui sera reconnu par l’OMS, le retour à la médecine traditionnelle s’observe chez certaines familles burundaises. Pour certains, il y aurait des plantes qui permettraient de soigner l’infection. La décoction de l’ail, la citronnelle, le miel sans oublier l’artemisia serait un remède maison que certains prennent pour se prévenir du coronavirus.