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Au Burkina Faso, les femmes du secteur informel sont les premières victimes de la pandémie
10 avril 2020
Au Burkina Faso, les femmes du secteur informel sont les premières victimes de la pandémie
Avec la mise en application des mesures pour limiter la propagation du covid-19, dont la fermeture des marchés, la fermeture des restaurants et des débits de boisson et le couvre-feu, toute l’activité économique du secteur informel, investi à 80% par des femmes, est quasiment à l’arrêt.
Pour assurer les besoins de bases dans les familles, des milliers de femmes actives dans la restauration, dans les marchés, dans la transformation se retrouvent sans activité et sans revenu. Et cela dans un pays où l’État a peu de moyen pour appuyer des mesures de résiliences et soutenir financièrement les personnes les plus vulnérables. Le confinement bouscule les valeurs de vie en communauté de la société burkinabè. De plus, le type d’habitat, où parfois plus d’une quinzaine de personnes peuvent vivre ensemble, fait perdre l’efficacité et le sens de ces mesures de confinement. La distanciation sociale est difficilement comprise dans un pays où la tradition veut que les proches aillent saluer et aider les malades.
Les femmes s’organisent
Le CARTPL, une association de femmes restauratrices de rue, partenaire de Solsoc, vit particulièrement difficilement cette crise. Mais les femmes s’organisent : les restauratrices, ont reconverti leur activité en vente de repas à emporter, qui est encore autorisée par le gouvernement, et ont investi dans de la vaisselle jetable. Au niveau de l’unité production d’une membre du CARTPL, Madame Kargougou, des mesures sont prises : « Nous avons installé un dispositif de lave-main. Une personne reçoit l’équipe de production à la porte et les dirige vers le lave-main. Personne ne touche l’autre. On essaye de disposer les participant.e.s éloigné.e.s et de responsabiliser une personne par activité pour que la distance de sécurité soit respectée, de même pour les repas. Nous travaillons en effectif réduit. Pour le moment ce sont les membres permanents qui produisent. Il y a aussi l’obligation de porter des blouses et des masques. On essaye de respecter les consignes du ministère de la Santé et nous recommandons aux membres de faire le relais de sensibilisation dans leur famille ».
L’ONG ASMADE, partenaire de Solsoc, a pris des mesures pour protéger son personnel et les associations avec lesquelles elle travaille, dont le CARTPL. Ces actions sont entre autres : l’installation d'un lave-main à l’entrée du bureau, la mise à disposition de gel hydro-alcoolique pour le personnel, la dotation de masque, le confinement du personnel, l’instauration du télétravail (qui se pratique difficilement avec la faible connectivité), l’instauration d’un système de permanence au bureau avec des équipes réduites, le service de repas chauds au personnel assurant la permanence, l’affichage des mesures d’hygiène à l’entrée du bâtiment et dans tous les bureaux pour toujours rappeler les bons gestes à avoir. En plus de ces mesures spécifiques, ASMADE a décidé de soutenir l’action gouvernementale en élargissant son accompagnement aux comités régionaux de gestion d’épidémie avec des équipements d’urgence composés de gel, de masque, de lave-main, de savon, etc.