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Retour sur une journée de rencontre avec des partenaires syndicalistes colombien.ne.s et cubain.e.s
13 octobre 2022
Retour sur une journée de rencontre avec des partenaires syndicalistes colombien.ne.s et cubain.e.s
Par Amélie Renardy stagiaire charagée de plaidoyer et de recherche chez Solsoc
Le mercredi 28 septembre, avait lieu chez Solsoc, une journée d’échange intersyndical avec des partenaires colombien.ne.s de Solsoc et des partenaires cubain.e.s de FOS, venu.e.s en Belgique dans le cadre du congrès de la FGTB Horval. La thématique de cette journée de rencontre portait sur « l’action syndicale et le travail décent en Afrique et en Amérique latine ». Durant les moments d’échanges autour de ces sujets, certains éléments nous ont frappés.
La place des femmes au sein des syndicats
Comment les syndicats s’emparent des questions de genre et des enjeux liés spécifiquement aux femmes ? Du côté colombien, il y a historiquement très peu de participation des femmes au sein des syndicats. Ce phénomène est en partie lié aux difficultés pour les Colombiennes d’atteindre des postes de décisions, couplé à l’insécurité des syndicalistes. En effet, de nombreux féminicides et assassinats de femmes leadeures et défenseuses des droits humains ont lieu en Colombie. Dans le secteur public en revanche, certaines politiques d’inclusion du genre sont mises en place, cependant au sein du secteur privé ce n’est pas le cas et de nombreuses violations des droits ont lieu, telles que des pressions psychologiques à l’encontre des femmes, menacées d’être remplacées par des hommes si elles prennent trop de congés pour garder leurs enfants. Néanmoins, la mobilisation basée sur quatre aspects qui sont : la reconnaissance, l’acceptation, l’apprentissage et la décontamination portent petit à petit leurs fruits, et des syndicats comme Sinaltrainal, partenaire de Solosoc, se composent maintenant d’un quart de femmes (1054 pour 4000 syndiqués).
En ce qui concerne les cubains.nes, il en est tout autre chose. Déjà lors de la rencontre, un élément nous a marqués concernant leur délégation : celle-ci était composée quasi entièrement de femmes ! À Cuba, en effet, on dénombre une plus grande représentation des femmes dans le monde syndical, avec moins de risques encourus pour les syndicalistes. Néanmoins, les femmes syndiquées rencontrent d’autres difficultés. Malgré cette représentation plus importante, la mentalité cubaine reste très patriarcale, avec un système où vie professionnelle et travail domestique ne sont pas compatibles et l’une doit être choisie au détriment de l’autre. Toutefois, très récemment, un nouveau code des familles révolutionnaire a été soumis à référendum à Cuba. La population a voté majoritairement en sa faveur, on observe de fortes attentes de la société civile à ce sujet.
Être syndiqué en Colombie c’est au prix de sa vie
Un autre frein que rencontrent les Colombien.nes syndiquées ou leaders sociaux et environnementaux, c’est le risque d’assassinat, nous expliquaient nos partenaires. Un élément qui nuit fortement à l’affiliation de nouveaux syndicalistes, ainsi qu’à la pérennisation d’idéologies syndicalistes. C’est pourquoi la formation politique et syndicale est un vecteur clé de l’action syndicale, l’une des choses qu’a mis en place Sinatrainal, notre partenaire colombien. Ces cours sont structurés autour de trois à cinq modules afin de parcourir l’histoire syndicale nationale et internationale, ainsi que les grands courants qui la traversent.
La rencontre comme vecteur de mobilisation
Les rencontres internationales avec nos différents partenaires ou sympathisants sont des moments d’échanges essentiels, mais constituent également un outil fondamental pour la mobilisation. Cela permet, en effet, de sensibiliser au plus proche, afin que les partenaires fassent part de leur situation sur le terrain aux différents invités –qui peuvent comporter des élus ou des acteurs de la société civile belge- présents lors de ces rencontres. Elles permettent également aux partenaires de Solsoc issus de différents pays de se rencontrer entre eux et d’échanger sur leurs situations respectives afin de s’informer sur de nouvelles pistes, de nouveaux outils, ou tout simplement de se soutenir mutuellement.