Le 24 avril 2025, nous étions rue Neuve à Bruxelles, aux côtés de nos partenaires achACT et Schone Kleren Campagne, pour rappeler aux grandes marques de prêt-à-porter leur responsabilité dans les violations persistantes des droits humains. Cette année, la marche ciblait quatre enseignes bien connues dont les chaînes d’approvisionnement sont entachées de répression syndicale.
Douze ans après l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, qui a coûté la vie à plus de 1100 personnes, les promesses de changement ont été trahies. Les rares avancées, notamment en matière de sécurité des bâtiments, sont le fruit de luttes syndicales acharnées et d’une mobilisation citoyenne constante et non d’un sursaut des grandes enseignes. Les engagements restent vagues, non contraignants, et trop de multinationales refusent encore de s’inscrire dans des cadres juridiques solides. En 2025, l’image de l’engagement compte toujours davantage que l’engagement lui-même.
Le drame du Rana Plaza est devenu un symbole universel de la lutte pour un travail décent. Il rappelle qu’au-delà des filières textiles, toutes les chaînes de production mondialisées sont susceptibles de reposer sur l’exploitation, le non-respect des droits fondamentaux et l’impunité. Dans un contexte où les libertés syndicales sont de plus en plus attaquées, en Belgique comme ailleurs, il est essentiel de ne pas détourner le regard et de ne pas se tromper d’adversaire.
À Solsoc, nous faisons du travail décent une priorité. Aux côtés de nos partenaires, nous soutenons les travailleuses et travailleurs en première ligne dans la lutte pour le respect de leurs droits. En Colombie, ils et elles affrontent des conditions précaires dans les monocultures de bananes et de canne à sucre. En RDC, les travailleurs des mines de cobalt extraient, au prix de leur santé et parfois de leur vie, les ressources qui alimentent la transition numérique et énergétique mondiale. En Palestine occupée, ils et elles subissent l’occupation de leurs terres et l’exploitation économique en violation flagrante du droit international.
Alors qu’en 2024 nous saluions l’adoption d’une directive européenne ouvrant la voie à une responsabilisation réelle des multinationales en matière de droits sociaux et environnementaux, la Commission européenne tente aujourd’hui de l’affaiblir. Sous pression des lobbys, l’"omnibus" a été inventé. Un texte législatif qui vise à détricoter non seulement cette directive, mais aussi d’autres avancées importantes qui ont en commun de favoriser l’émergence d’une société plus durable, en responsabilisant notamment les entreprises. Ce retour en arrière est une trahison des valeurs de justice et de solidarité. Il protège les intérêts des plus puissants au détriment des plus vulnérables, privilégie le profit à la dignité humaine.
Nous réaffirmons notre appel pour un cadre légal clair, contraignant et universel, applicable à toutes les entreprises, dans tous les secteurs. Car sans règles solides, les droits resteront symboliques, et la justice sociale hors d’atteinte.
Il est temps que les responsables politiques prennent la mesure des injustices, écoutent les témoignages des travailleuses et travailleurs du monde entier, et travaillent avec celles et ceux qui portent un véritable projet de transformation. Restons mobilisé·es : un futur durable commence par un monde plus juste.

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