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Casablanca : Quel est le prix à payer pour améliorer l’image internationale du Maroc ? Avec le soutien des partenaires, les citoyen·ne·s se mobilisent dans les quartiers.

4 décembre 2024

Casablanca : Quel est le prix à payer pour améliorer l’image internationale du Maroc ? Avec le soutien des partenaires, les citoyen·ne·s se mobilisent dans les quartiers.

Tags : Maroc

Casablanca, 17 octobre 2024 – Une centaine de familles du quartier de Sidi Belyout, à la lisière de l’arrondissement d’Anfa, ont été expulsées de leurs logements au lendemain de la rentrée scolaire. Ces expulsions, effectuées sur la base de simples notifications orales, s’inscrivent dans le cadre du projet de l’Avenue Royale, un vaste chantier de réaménagement urbain qui traîne depuis plus de trois décennies.

Des expulsions précipitées et controversées

Les démolitions ont débuté quelques jours après ces notifications, jetant à la rue des habitant·e·s, dont beaucoup sont propriétaires et détiennent des titres fonciers. Depuis un recensement réalisé en 1989, qui prévoyait l’éviction de 12 000 familles, seul·e·s 21 % d’entre elles et eux avaient été relogé·e·s à fin 2008. Aujourd’hui, l’organisation de la Coupe d’Afrique et de la Coupe du Monde 2030 semble avoir accéléré le calendrier du projet, mais au prix de nombreuses injustices.

     

Des compensations jugées dérisoires

Les solutions proposées par les autorités – indemnités plafonnées à 100 000 dirhams ou relogements à 30 kilomètres de là, à Mohammedia ou Ennassim – sont jugées insuffisantes. De plus, ces options impliquent des coûts à la charge des familles, allant de 70 000 à 160 000 dirhams selon les biens proposés. Beaucoup dénoncent également le recours à des recensements obsolètes, datant de 1989 et 2012, qui ne reflètent plus la réalité démographique actuelle.

Une situation économique et sociale critique

Les maisons détruites n’étaient pas seulement des lieux de vie : elles abritaient aussi des commerces essentiels à la subsistance de nombreuses familles. Selon des expertises commandées par les habitant·e·s, les bâtiments ne présentaient aucun risque imminent de ruine, contrairement aux affirmations des autorités qui les ont qualifiés de « zones dangereuses ».

Une gestion urbaine sous le feu des critiques

Le projet de l’Avenue Royale, confié à la SONADAC, est au cœur des critiques depuis des années. Un rapport de la Cour des comptes, publié en 2009, pointait déjà des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du projet. Aujourd’hui encore, les habitant·e·s dénoncent une expropriation à des prix dérisoires – entre 1 000 et 1 500 dirhams/m², alors que le marché local atteint 15 000 dirhams/m².

Mobilisation citoyenne et solidarité locale

Face à cette situation, des collectifs de citoyen·ne·s, avec le soutien d’organisations comme l’IFAAP, tentent de faire entendre leurs voix. Manifestations, blocages des démolitions et organisations de solidarité se multiplient pour venir en aide aux familles mises à la rue.

Quand l’image internationale prime sur les droits locaux

Ce scénario n’est pas unique : d’autres quartiers de Casablanca, comme l’ancienne Médina, subissent également les effets de l’accélération des projets d’infrastructure en vue de la Coupe du Monde 2030. Si ces chantiers promettent une modernisation urbaine, ils soulèvent une question cruciale : quel est le prix à payer pour améliorer l’image internationale du Maroc ?

Les habitant·e·s de Sidi Belyout, elles et eux, espèrent encore un dialogue avec les autorités et des solutions plus équitables. Mais pour l’instant, elles et ils restent pris·e·s au piège entre des bulldozers et des promesses non tenues.

 

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