Macaire Ntirandekura est décédé mercredi 10 août 2022. Pour une large opinion au Burundi, l’homme de 66 ans qui vient de rendre son dernier souffle symbolisait la Confédération Nationale des Associations des Caféiculteurs du Burundi(CNAC), qu’il avait contribué à façonner depuis la fin des années 1990. La CNAC est restée à son image, destinée à « défendre avec la plus grande détermination les droits du petit paysan ».  En bon leader, Ntirandekura avait su convaincre, dès 1997 des paysan∙ne∙s caféiculteur∙rice∙s de rallier des associations au niveau collinaire, puis des unions au niveau des communes jusqu’à mettre en place 7 fédérations provinciales qui constituent actuellement la CNAC, pour revendiquer leurs droits. A son zénith, cette organisation paysanne revendiquait fièrement plus 102 000 membres dans 3252 associations collinaires, 156 unions et 7 fédérations. A la CNAC, ce baobab dans le mouvement caféicole national aura été de tous les principaux combats pour faire triompher les aspirations des paysans caféiculteurs, qui rêvaient de bénéficier d’une considération respectueuse, goûter à la plus-value générée par le café et améliorer leur accès aux soins de santé.

Après avoir quitté un poste à responsabilité dans une institution de microfinance au milieu des années 1990, le reste de la vie de Macaire Ntirandekura n’aura été que « combat pour l’émancipation des caféiculteur∙rice∙s » et au-delà, l’émergence et la consolidation d’un mouvement paysan burundais fort. C’est l’un des créateurs du Forum des Organisations des Producteurs Agricoles, FOPABU et en 2012, son premier dirigeant. Il dirigea ensuite l’INTERCafé Burundi, de 2017 à 2020. Homme réfléchi  et au charisme incontestable, il était clair pour lui que le caféiculteur burundais devait avoir « droit au chapitre » sur toutes les questions qui concernent le café, de la production  à la commercialisation. Macaire a été un Collaborateur de premier plan des programmes de Solsoc au Burundi, depuis leur lancement, jusqu’en fin 2021 pour une retraite bien méritée. C’est ainsi qu’avec certaines organisations partenaires de la CNAC comme ADISCO, il pousse les caféiculteur∙rice∙s à créer leurs propres mutualités de santé qui formeront plus tard la FEMUSCABU (Fédération des Mutuelles de Santé des Caféiculteurs du Burundi).

Depuis plus de 10 ans, il n’était plus à la tête de la CNAC, où il s’occupait désormais des questions de plaidoyer. A la retraite depuis une année, il n’était pas rare qu’il soit consulté sur l’une ou l’autre question de la filière café et ses avis étaient toujours appréciés.

Sa disparition est assurément une grande perte pour le mouvement paysan au Burundi. Solsoc présente ses condoléances à sa famille, à la CNAC et l’ensemble des partenaires du programme au Burundi.