Burkina-Faso

Contexte

Le Burkina Faso fait face à une double crise. À l’insécurité, s’ajoute l’instabilité politique. Depuis 2015, suite à l’implantation de groupes djihadistes salafistes, plus de 40% du territoire sont hors contrôle de l’État et dans ces zones, les écoles, les centres de santé, l’administration générale et la justice sont fermés. De 2015 à 2023, les attaques ont causé au moins 17.000 morts. En mai 2023, le Conseil national de secours et de réhabilitation (CONASUR) comptait plus de 2 millions de déplacés internes. Arguant la mauvaise gestion du conflit armé par les autorités politiques de l’État, les militaires ont perpétré une suite de deux coups d’État en 2022 et détiennent toujours le pouvoir à ce jour. Le contexte d’insécurité et les impacts du dérèglement climatique ont aussi un impact négatif sur les activités économiques dans tous les secteurs : augmentation des coûts des matières premières, en particulier dans le secteur agricole, réduction du pouvoir d’achat, etc.

Notre action

En 2022, le CARTPL, un réseau de femmes transformatrices dans l’agroalimentaire, a créé l’équivalent de 198 emplois décents à temps plein. Les membres du CARTPL ont formé les initiatives économiques qu’elles accompagnent à l’économie sociale et solidaire et au travail décent. À la suite des processus de renforcement de ses membres, une d’entre elles a été élue députée à l’Assemblée législative de transition.

Avec le soutien de la FGTB Horval, Solsoc accompagne 3 syndicats dans le secteur de l’agroalimentaire et du transport pour mieux défendre les droits des travailleur·euse·s et promouvoir le dialogue social. Un de leur objectif est d’endiguer le travail et la traite des enfants. Ils ont ainsi mis en place un dispositif d’accueil et de formation professionnelle à destination des enfants victimes de la traite et interceptés par les chauffeurs routiers.ASMADE, partenaire de Solsoc et Solidaris, appuie différents réseaux de mutuelles de santé communautaire et poursuit le travail de plaidoyer auprès des autorités en faveur de la mise en œuvre de l’Assurance Maladie Universelle (AMU). En tout, 62 mutuelles sont financées et 65.925 personnes ont un accès aux soins de santé.

3

ORGANISATIONS PARTENAIRES BURKINABES

110

ORGANISATIONS LOCALES APPUYÉES

2

MILLIONS D'EUROS D'APPORT FINANCIER DE SOLSOC EN 5 ANS

Témoignage

Il faut que l'État construise un mécanisme inclusif. Un mécanisme qui prend en compte ceux et celles qui peuvent cotiser, mais qui prévoit aussi l'accompagnement des personnes déplacées à cause de l’insécurité actuelle dans certaines zones du Burkina, qui ne peuvent plus travailler dans leurs champs et qui donc ne peuvent pas contribuer. Nous devons aussi développer des programmes de réinsertion, d'accompagnement économique pour que ces personnes puissent, de façon durable, bénéficier des services offerts par les mutuelles.

Souvent, ces personnes sont trop dignes pour se déclarer « personne indigente », alors que ce statut leur permettrait de bénéficier des services sociaux. De plus, en situation d’urgence, les gens définissent d'autres priorités, alors que la protection sociale reste le mécanisme le plus puissant pour amortir les chocs. Ce qu'il faut, c'est que l'assurance maladie universelle se mette en place et que tous les leviers soient mis en place pour rendre effective l'universalité de l'assurance-maladie : que les personnes qui peuvent cotiser cotisent et que les personnes qui sont temporairement dans l'incapacité de cotiser bénéficient de mécanismes pour les couvrir. Parallèlement, nous devons veiller à ce que les personnes déplacées retrouvent leurs moyens de production pour redevenir autonomes et contribuables. L’assistance sociale reste un levier, mais l'assurance également. Le mécanisme national, tel qu'il se met en place, ne peut se déployer sur tout le territoire qu'en s'appuyant sur des acteurs de proximité, et les mutuelles sont des acteurs de proximité. Elles ont démontré leurs compétences dans le travail de veille, de redevabilité, mais aussi de communication.

Juliette Compaoré, secrétaire exécutive d’ASMADE

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